Le sommeil paradoxal

- Catégories : Physiologie du sommeil

Le sommeil paradoxal

On le voit apparaître furtivement lors du premier cycle de sommeil, puis il se fait de plus en plus présent, pour devenir le sommeil le plus important du dernier cycle, en fin de nuit. Il représente au total 20 à 25 % de notre temps de sommeil total.

Ces périodes de notre nuit ont été découvertes dans les années 50, par un chercheur français, le Pr Michel JOUVET, et leur a donné ce nom qui caractérise une vie cérébrale très intense, alors que le corps est totalement atone.

D’où son nom de sommeil paradoxal. Les américains revendiquent également sa découverte à la même époque environ, avec une notion différente : les mouvements caractéristiques, très saccadés des yeux, les “Rapid Eyes Movements”, ou REM. Ils appellent donc cette période le REM-Sleep.

Que se passe-t-il plus précisément ?

Tout d'abord, on remarque une activité électrique quasi-équivalente de celle que l'on retrouve en période d'éveil. (le cerveau est en "rythme alpha"). Cela reflète probablement l'activité onirique. (les rêves)

Et comme nous l'avons vu, l'activité du cerveau est importante, cependant que le corps est atone.

Et c'est pour une bonne raison ! Si d'aventure notre corps suit l'expérience de nos rêves, il va effectuer toutes les actions que nous rêvons. C'est ce qui se passe lorsque l'on souffre de somnanbulisme (voir plus bas) Heureusement, tout a été prévu :  afin d’éviter ce phénomène, et de nous mettre en situation de danger, une "déconnexion nerveuse" entre le cerveau et le corps est opérée. Ainsi notre cerveau ne peut plus envoyer de commandes à nos muscles, et celui-ci ne pourra pas jouer en réel l’action que l'on expérimente lors d'un rêve. Nous pouvons rêver les expériences les plus incroyables, nous ne sortirons pas du lit ! 

Mais on bouge la nuit, on parle quelquefois…

Tout à fait. Ce phénomène de déconnexion corps-cerveau peut avoir ses limites, voire dysfonctionner. Des épisodes de somnambulisme peuvent même apparaître, avec quelquefois des attitudes dangereuses (conduite au volant par ex.) Heureusement ces comportements sont rarissimes, et souvent transitoires.

Tous ces phénomènes, et d’autres encore, sont appelés des TCSP : des Troubles du Comportement en Sommeil Paradoxal. La plupart sont bénins.

A qui n’est-il pas arrivé de parler en pleine nuit, souvent dans un langage totalement incompréhensible ?

Ils peuvent être plus graves, comme nous l’avons vu. Et il peut être intéressant de s’en ouvrir à un médecin spécialiste du sommeil. L’équipe du Pr Arnulf (Service des Pathologies du Sommeil, Pitié-Salpêtrière Paris) a montré récemment le lien entre TCSP et apparition 10 ans plus tard des premiers signes d’une maladie de Parkinson.

Sans aller aussi loin, un sommeil paradoxal perturbé peut avoir des conséquences très négatives, liées à une moindre capacité à gérer notre humeur.

Des travaux ont montré un lien entre diminution du temps de sommeil paradoxal et troubles dépressifs.

Le sommeil paradoxal a un rôle particulier ?

Il aurait plusieurs fonctions. La plus importante semble consister en la gestion de nos émotions.

En particulier les émotions négatives. Les évènements difficiles que nous avons vécu dans la journée précédente, ou lors des semaines, voire des années précédentes, sont rejouées pendant nos rêves.

Mais avec une différence importante : lorsque nous vivons un moment difficile, nous vivons un stress. Une sécrétion importante des hormones du stress est retrouvée (l'adrénaline notamment)

Lorsque cet épisode est rejoué à l'occasion d'un rêve, cette sécrétion d'hormone du stress est atténuée. Et au fur et à mesure des nuits, à mesure que l'évènement est rejoué, elle devient de plus en plus faible, voire inexistante. C'est ainsi que nous pouvons, lorsque nous sommes éveillés, repenser à des évènements difficiles sans ressentir le stress initial.

Nous avons "relativisé". On dit souvent que c'est grâce au temps. Cela est surtout du aux vertus du sommeil paradoxal.

Cela est particulièrement intéressant à étudier chez les personnes qui ont vécu un épisode traumatique important. Des travaux ont montré que la qualité de leur sommeil paradoxal serait une des clés de leur capacité de résilience...

En conclusion

Nous avons déjà vu à quel point il est important de dormir, et de dormir assez longtemps. Et c’est en particulier vrai pour un sommeil paradoxal de qualité.

En effet il est plus présent en fin de nuit. Si nous raccourcissons notre temps de sommeil, c’est surtout le sommeil paradoxal qui sera amputé. Avec l’ensemble des conséquences que nous venons de voir.

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