La narcolepsie

- Catégories : Physiologie du sommeil

La narcolepsie, suis-je concerné(e) ?

Beaucoup d’entre nous se sont demandés un jour, à l’occasion d’une période de fatigue et de somnolence, si nous n’étions pas touché par cette étrange maladie.

Le plus souvent, il n’en est rien. La narcolepsie est une maladie rare, 1 cas pour 2000 personnes environ. Heureusement car, comme nous le verrons, elle rend la vie vraiment compliquée à ceux qui en souffrent.

On remarque tout d’abord qu’elle touche plutôt les femmes, à l’entrée dans l’âge adulte.

Elle se manifeste par plusieurs signes :

L’hypersomnolence diurne

Nous le savons tous, la narcolepsie est associée à une forte somnolence. Elle peut survenir brutalement, n’importe quand dans la journée, et n’importe où. Mais ce que l’on sait moins, c’est que les narcoleptiques dorment très mal la nuit… 

Comment expliquer ce phénomène ?

Tout se passe comme si l’actionnement permettant de passer de l’état de veille à celui de sommeil était en position « intermédiaire » : jamais complètement sur « on », jamais complètement sur « off ».

Que se passe-t-il ?

L’endormissement est provoqué par une « déconnexion » du cerveau avec l’extérieur, nos sens ne sont stimulés. Plus précisément, Le Thalamus sensoriel n’est plus actif. Cette structure, plutôt ronde, est située au centre de notre cerveau. Elle est sous la commande d’une sorte d’interrupteur situé dans l’hypothalamus (tout petit appendice situé sous le thalamus). 

Comment fonctionne cet interrupteur ?

Il permet de contribuer au passage de la veille au sommeil. Pour cela, il sécrète une hormone appelée l’Orexine. Elle stimule l'éveil, en permettant au Thalamus sensoriel de « rester en contact » avec nos capteurs sensoriels. L’arrêt de la synthèse d’orexine provoque une inhibition du Thalamus sensoriel, le cerveau est « déconnecté » de nos sens, et l’on s’endort.

Quel est le lien avec la narcolepsie ?

Si l’orexine est synthétisée en trop faible quantité pendant la journée, le thalamus sensoriel sera inhibé, il va se « fermer », comme nous venons de le voir. Cela va provoquer un sommeil irrésistible : c’est l’hypersomnolence diurne de la narcolepsie.

Un sommeil de mauvaise qualité la nuit

Pour pouvoir plonger dans un sommeil réparateur la nuit, l’orexine ne doit plus être synthétisée. Si cette synthèse se poursuit, le Thalamus sensoriel reste en contact avec nos sens, le cerveau ne se « déconnecte » pas, l’endormissement ne se produit donc pas, ou très mal. Ceci explique pourquoi les patients narcoleptiques dorment si mal la nuit.

Ainsi les nuits sont peu réparatrices, ce qui aggrave encore la somnolence dans la journée. On comprend aisément qu’une vie sociale peut être difficile. Mais ce n’est pas tout.

La cataplexie

La narcolepsie peut être associée à un phénomène étrange : la cataplexie. Cela consiste en une perte subite et totale du tonus musculaire. On peut donc tomber au sol, perdre le contrôle de son véhicule,… et ainsi se mettre en réel danger !

A quoi cela est-il du ? Souvenons-nous que lors du sommeil paradoxal, le cerveau est actif, comme en état de veille. Nous rêvons. Or nos rêves sont peuplées d’actions : on peut marcher, voler, conduire,… Afin d’éviter de vivre physiquement nos rêves, et de nous mettre en danger, l’influx nerveux envoyé à nos muscles est coupé. Ainsi le cerveau est en action, mais le corps reste immobile. C’est tout le sens du terme sommeil paradoxal.

Mais quel est le rapport avec la cataplexie ?

Et bien lors d’un épisode de cataplexie, il se passe exactement la même chose,... mais au lieu de se produire lors du passage en sommeil paradoxal, ce phénomène se produit en plein jour ! Et cela survient souvent par surprise, par exemple en vivant l’expérience d’une émotion forte, négative ou positive : un freinage brusque, une histoire drôle lors d’un repas entre amis, une relation sexuelle. Les narcoleptiques sont ainsi condamnés à chercher en permanence à contrôler et minimiser leurs émotions, afin d’éviter ces épisodes. 

La paralysie du sommeil

Voilà un phénomène encore plus étrange : l’impression d’être prisonnier de son corps, alors que l’on est éveillé. Cela peut survenir quelquefois à chacun d’entre nous, et rester tout à fait bénin, même si l’impression peut être tout à fait désagréable. Concrètement, on veut parler, mais on ne peut bouger les lèvres. On veut se lever, mais aucun muscle ne réagit. 

Une explication ? Là encore, alors que nous sommes sortis du sommeil REM, notre tonus musculaire reste atone. Ce phénomène est heureusement temporaire. Exceptionnel chez tout un chacun, il survient plus fréquemment chez les gens touchés par la narcolepsie.

Peut-on traiter cette maladie ?

Peu de solutions existent. Des traitements favorisant l’éveil peuvent être donnés afin d’éviter l’hypersomnolence diurne. 

Des traitements anxiolytiques peuvent également être proposés.

Pour plus de renseignements, si vous pensez être concerné(e), n’hésitez-pas à consulter en médecine du sommeil pour avoir un avis spécialisé.

Il semble toutefois qu’une nouvelle piste puisse être envisagée : au lieu de tout faire pour maintenir un narcoleptique éveillé la journée, pourquoi ne pas essayer de tout faire pour améliorer son sommeil la nuit ?...

Pour cela, des solutions existent aujourd’hui, et sans être obligé de prendre des médicaments…

Partager ce contenu

Ajouter un commentaire