Après la tempête de l’adolescence, un retour à la normale
Avec les bouleversements hormonaux, l’adolescence modifie en profondeur la structure du sommeil : l’endormissement est retardé, le sommeil lent profond diminue et change de fonction, le sommeil paradoxal devient plus important…
Le sommeil de l’adulte fait la synthèse entre celui de l’enfant et celui de l’adolescent.
L'endormissement trouve un "équilibre"
L’heure d’endormissement recommence à avancer. Elle ne sera plus vers 21 h comme dans l'enfance, mais un début de nuit entre 22 h 30 et 23 h 30 devient tout à fait normal.
Une fois passée la tempête hormonale de l’adolescence, notre horloge biologique peut retrouver un fonctionnement plus habituel, et plus en phase avec les rythmes de notre société.
Nous verrons que cet avancement de notre horloge est un phénomène progressif et inexorable, qui se poursuivre jusque vers nos vieux jours.
L'altération du sommeil lent profond
A l'âge adulte, une parité est trouvé : nous faisons autant de sommeil paradoxal que de sommeil lent profond.
Mais surtout le sommeil lent profond voit sa qualité progressivement diminuer.
Le cerveau est ainsi comme une "batterie de smartphone", qui se recharge moins bien avec le temps.
Et nous en connaissons la raison : lorsque l'on enregistre une polysomnographie, on peut analyser l'activité électrique du cerveau pendant le sommeil. Et l'on retrouve chez une personne de 20 ans un sommeil lent profond qui produit des ondes régulières et très amples. A 50 ans, cette amplitude diminue de 40 % environ. Cela, associé à d'autres modifications du sommeil lent profond, peut traduire la baisse en qualité de cette période de notre sommeil. Cela peut expliquer également pourquoi nous avons le sentiment d'un sommeil moins réparateur.
Un paradoxe social inquiétant
Il y a là un paradoxe flagrant : En avançant dans l'âge adulte, nous avons besoin de dormir plus. Mais la vie des seniors actifs est telle aujourd'hui que la plupart d’entre eux dort moins de 7 heures par nuit en semaine, ce qui est notoirement insuffisant.
Et il est tentant de croire que dormir plus le week-end permet de récupérer un sommeil perdu la semaine. Cela n'est que partiellement vrai malheureusement. Ainsi, afin de favoriser une bonne hygiène de vie, commencez par optimiser votre temps de sommeil, et ce tous les soirs, y compris en semaine.
Grâce au sommeil lent profond, des adultes moins créatifs mais plus
raisonnables ?
La question mérite d’être posée. On remarque que le processus d’élimination de connexions neuronales, débuté pendant l’adolescence (voir la fiche "Le Sommeil de l'Adolescent") se poursuit inexorablement.
Ceci peut être un frein à la créativité, car les "passerelles de l’imagination" sont moins nombreuses au fur et à mesure du temps. Cependant nous y gagnons en efficacité, car les chemins habituels de pensée sont sans cesse renforcés.
Le cortex cérébral, lieu de la raison et de la mémoire, en bénéficie en particulier de ce phénomène. Ainsi nous pouvons trouver là une explication au fait que le temps nous rend peut-être moins créatifs, mais toujours plus sages et avisés.
(Même s'il est fort probable que la biologie n’explique pas tout !) ;-)
Un sommeil plus fragile que dans notre jeunesse ?
Nous l’avons tous constaté : réveiller un enfant ou un adolescent tient parfois de la performance : qui ne s'est jamais étonné de constater un maintien de sommeil sans faille chez un adorable bambin dans un contexte très bruyant (train, musique, etc.) ?
Tout cela est bien moins évident quand on est adulte. Parmi les différentes hypothèses, nous pouvons en retenir 2 : Tout d'abord, la « mise en berne » de nos sens est moins efficace. Nous sommes donc plus sensibles aux stimuli sonores et visuels externes. Par ailleurs, nous faisons moins de sommeil lent profond, et plus de sommeil lent léger. Comme son nom l'indique, pendant cette période, nous sommes moins profondément endormis, et plus facilements susceptibles d'être réveillés.
Ainsi, les patients qui souffrent de troubles respiratoires nocturnes (l'apnée du sommeil) sont plus à même de se réveiller pendant ces périodes de sommeil léger, et de casser l'architecture de leur nuit.
A noter : pour bien dormir, privilégiez un environnement parfaitement silencieux, et sans aucune lumière. Dans l'obscurité, la moindre diode peut avoir des conséquences tout à fait néfastes...
Des éveils nocturnes plus fréquents
Nous sommes donc plus prompts à nous éveiller. Ajoutons à cela des facteurs de stress environnementaux (villes bruyantes la nuit, perte de l’obscurité totale) ou sociaux (travail, vie de famille, vie sentimentale,...), et voilà qu’apparaît le spectre de l’insomnie.
L’insomnie est définie comme une incapacité à faire des nuits complètes sur une période durable. En deçà de 3 mois, le trouble est considéré comme passager et bénin. A partir de 3 mois, on parle d'une maladie chronique qui, si elle n'est pas traitée, peut avoir des répercussions graves.
Si vous pensez être concerné(e), n’hésitez-pas à consulter un spécialiste du sommeil ! Des solutions efficaces existent aujourd'hui ! (Voyez notre rubrique Wikirenight Insomnie, et Bien Choisir Insomnie)
Insomnies: Des solutions sans médicament
Le sommeil c’est comme tout, ça s’apprend !
Le traitement le plus efficace sur le plan médical s’appelle la TCC : la Thérapie Cognitive et Comportementale. Sous ce nom un peu complexe se cache beaucoup de bon sens ! Le principe est simple :
- Améliorer votre "Cognition" du sommeil, c'est-à-dire vous former à la connaissance et à la mécanique parfois subtile du sommeil
- Optimiser votre "Comportement" face au sommeil, en étudiant vos habitudes, votre environnement, afin de trouver les solutions parfois très simples et redoutablement efficaces pour retrouver un sommeil de qualité.
Lors d'un suivi rapproché de quelques semaines, votre médecin vous distillera conseils et travail sur vous pour "réapprendre à bien dormir".
L'intérêt de la Mélatonine
Se supplémenter en mélatonine peut être une solution efficace. Cette hormone, sécrétée naturellement par notre cerveau, est essentielle dans la préparation au passage de la veille au sommeil.
Mais de nombreux facteurs peuvent perturber sa synthèse (lumière bleue des PC et smartphones, activité physique ou intellectuelle trop intense le soir). En cas d'endormissement difficile, il peut être utile de penser à cette solution.