LE SOMMEIL DE L'ADOLESCENT
Hormones. Écrans. Réveils difficiles.
Nous avons vu que le sommeil de l'enfant se caractérise par une durée très importante, une prépondérance du sommeil lent profond, et un déclenchement en tout début de nuit. Avec l'arrivée de l'adolescence, les modifications hormonales vont tout changer.
Votre ado vit des réveils difficiles ? C'est normal.
Le décalage de l'entrée dans le sommeil
Les modifications hormonales liées à la puberté ont une première conséquence : le décalage du sommeil. Alors que l'enfant s'endort naturellement entre 9 et 10H00 du soir, chez l'adolescent l'endormissement recule progressivement, pour aller jusqu'à 23H00, minuit. Ne disputons pas nos "grands enfants" qui ne veulent pas se coucher, ils sont tout simplement sous l'influence de leurs hormones.
Le problèmes des levers difficiles
Une conséquence directe : une dette de sommeil importante, et des levers difficiles. Notre organisation sociale, scolaire en particulier, impose en effet à nos adolescents des horaires plus adaptés à la petite enfance ou à l'adulte. Des travaux récents montrent que 80 % de nos adolescents sont chroniquement en dette de sommeil.
Des études américaines comparatives sur le décalage du début des cours à 9H00 voire 9H30 versus horaires classiques montrent les résultats suivants : amélioration des résultats scolaires, amélioration de l'attitude en classe et dans l'établissement, et même diminution de la mortalité sur le trajet domicile-école. Ne serait-il pas temps de repenser notre système éducatif pour mieux les adapter à la physiologie de nos adolescents ?
Pendant le sommeil, changement des équilibres
Autre évolution du sommeil lors du passage de l'enfance à l'adolescence : le temps de sommeil profond diminue, au profit d'une augmentation de la durée du sommeil paradoxal.
Par ailleurs, le sommeil lent profond devient le siège d'une fonction nouvelle :
le "sécateur biologique".
Nous avons vu que pendant l'enfance, de très nombreuses connexions sont créées entre les neurones, afin de développer les possibilités d'échange entre eux. Ces connexions sont appelées les synapses. Afin d'améliorer la rapidité de traitement de l'information, et de prioriser les canaux de circulation les plus utiles, le cerveau effectue l'opération inverse : il supprime les synapses peu ou pas utiles.
Notre cerveau peut ainsi perdre un peu en créativité, mais il gagne en efficacité.
A noter : ce phénomène débute au niveau des zones postérieures du cerveau, pour se terminer au niveaux du cortex cérébral, à l'avant du cerveau, vers le début de l'âge adulte. Rappelons que le cortex cérébral est le siège de la mémoire et du raisonnement. De là à faire un lien avec l'âge de raison...
Focus sur un grand danger : les écrans
Toutes les études médicales et sociologiques montrent le grand danger des écrans de PC et de smartphones sur la qualité du sommeil. Nos adolescents sont bien sûr en première ligne. La raison ?
Ces appareils diffusent une lumière bleue, à ondes courtes. Ce type de faisceau lumineux bloque la synthèse de mélatonine, et empêche donc la mise en place des conditions de l'endormissement.
Rôle de la lumière sur notre activité veille-sommeil
Pour mieux comprendre, il faut savoir que nous possédons une horloge interne, appelée le noyau suprachiasmatique, placé au centre de notre cerveau. Sous ce joli nom se cachent environ 10000 neurones seulement, qui rythment notre vie, et notamment nos périodes de veille et de sommeil. Cette horloge n'est pas toujours calée sur 24 heures, elle dispose donc d'un atout qui lui permet de se recaler tous les jours : la lumière.
Et l'on sait que les rayons à grande longueur d'ondes (rouge, violet) favorisent l'endormissement, alors que les rayons courts (blancs, bleus) favorisent l'éveil.
Devant un écran qui diffuse de la lumière bleue, il devient très difficile de s'endormir dans de bonnes conditions...
Les conséquences du manque de sommeil sur la santé de l'adolescent sont nombreuses. Une dette de sommeil entraîne plusieurs complications :
- Une grande fatigue
- Une irritabilité
- Une baisse du temps de réaction à la conduite
- Une agitation permanente
- Une somnolence au cours de la journée
- Une baisse des performances scolaires
- Une altération des défenses immunitaires
- Une altération des capacités de concentration
- Une difficulté d’apprentissage
- Une prise de poids
- Une anxiété
Notre environnement peut-il s'adapter au sommeil si particulier de nos
adolescents ?
Pour une meilleure humeur, encore une petite heure...
Des travaux américains apportent des enseignements intéressants : En permettant de débuter la journée à 9 h au lieu de 8 h, soit avec un sommeil décalé d’une heure seulement, on relève :
- Une augmentation de la concentration en classe
- Une amélioration des résultats aux examens
- Et plus étonnant : une diminution de la mortalité routière sur le trajet domicile-collège
Ainsi, si vous souhaitez prendre soin du sommeil de vos adolescents, laissez-les récupérer le week-end de leur dette de sommeil de la semaine, et surtout plus d'écrans le soir à partir de 22 heures (Oui, nous savons, c'est plus facile à dire qu'à faire ! ;-)